Je suis une intrusion dans le temps des forêts, un chaos suspendu entre mes Pataugas et les pierres du chemin. Je glisse en mélodie pour traverser les sentes sans même les inquiéter. J’écoute entre les branches. Elles m’entretiennent du vain qui les agite. Pour rien.
Moi je pense au mistral.
Il me parle d’énergie, de l’harmonie du monde et des échanges secrets dans la sève du printemps. Je ne comprends pas tout.
Alors elles m’interpellent. Elles sont jalouses de lui. Je les laisse à leur danse. Ballet de fond de scène pour corps en mouvement. Corps de bois, air de flou. Elles sont à la Provence un étendard de vie. Un cri imperceptible. Un abri d’emplumés.
Moi je suis démuni.
Les oiseaux s’y déposent parfois pour signaler des présences intrusives. Parfois.
Ils m’ont repéré. Elles leur en demandent plus. Les branches veulent savoir pourquoi je viens. Et qui je suis. Je suis juste ma voie. Jusqu’au bout. Si elles sont rassurées, elles m’autoriseront. Elles préviendront le mistral.
J’ai mon laissez-passer. Je me sens libéré. Je suis heureux, et vous ?