AYAHUASCA
Dans la terre des vivants j’irais cheminer l’ailleurs et je te retrouverais parée de ta nature animale. Jaguar, tu serais prête à feuler. Piranha, tu serais prête à frétiller. Au milieu d’un emportement cotonneux, tu te déferais de ta peau de femme, je caresserais ton souvenir. Emprisonnée par les anneaux du serpent, la potion serait la délivrance crachée de ma bouche au dedans de ton cou.
SERPENT
À l’intérieur d’une nuit comme une autre, je ramperais dans ta soie. Tu te serais love lovée en amoureuse émérite, hypnotisée par mon regard. Nos errances seraient lascives.
CHAMANE
Un soir, je chercherais des traces d’absolu Tu me consulterais dans la moiteur de mon cabinet d’exilé des tropiques. Pour toi, pour ton équilibre entre la vérité et la vérité, j’irais cueillir les pensées des esprits pour te les délivrer au petit déjeuner. À la fin de la cérémonie, tu tremperais ton croissant dans un café d’Amérique Centrale. Guérie.
TAMBOUR
Le battement systémique de la mailloche en caresse sur ta peau tendue éveillerait mes derniers espoirs. Je serais une danse, tu serais une cavalière chevauchant un poney dans la plaine mongole. Je serais un raclement de gorge, tu serais une voix. Nous serions un pour un.
DOSSIER
Rencontrée dans mes rêves, je conserverais de toi les traces de nos échanges si nous étions dans la crue des amants. Les sentiments inonderaient les émotions renversant les fragiles barrages des convenances. Quelqu’un aurait sur nous un de ces dossiers à chanter. Moi, peut-être. Pour ne plus me contenter de jouer sur ma guitare les mélodies que j’écrirais si tu étais vraie.