Sur mon bras, j’ai fait tatouer ce mot حرية. J’ai pensé à ce tattoo en écrivant ce poème.
Tu le suis de tes yeux d’enfant comme tu suis les lignes de crête sur le vide de la mer des sables. Il est la misère de ton père assassiné, la misère de ton peuple en vie tiers-mondialisée, en envie fondue dans une guerre sans cinéma, en avis des mercenaires du jugement dernier. Tu le suis dans ton coeur où il s’évade sur un cerisier en fleurs, sur un figuier de barbarie, sur un arbre de grès rose de Libye. Tu le suis de tes yeux chassieux d’enfant grandi en chemin au passage du fleuve de tes pleurs quand le destin a tué ta mère – ou était-ce un passeur ou un voleur ou un militaire ? Tu le suis en tirant le sel de tes larmes sur un canot d’exil, sur l’autre côté de la Méditerranée, sous la tente d’un camp, sous la toile d’une bâche au fond d’un camion qui traverse de travers qui te rejette vallée de la Roya. Tu le suis dans un filet de sang que tu extrais de ton bras en scarification à la manière de chez toi petit enfant soldat du Darfour. Tu le suis dans ce filet de sang. Tu suis ce grain de sable enfermé dans ton coeur le temps infini de ta traversée du désert. À ce minuscule morceau de pays poussière, à ce minuscule bout de ton pays – alors que tu perds la tienne – tu lui offres ce qu’il n’aura jamais : sa liberté. El houria !