l’averse noire arrose la chaleur synthétique d’un après-midi d’août
l’orage électrique tombe d’un coup avant que ne champignonnent
les fumées toxiques venues du ciel / dans une flaque d’eau croupie
un enfant japonais rougit les jambes brûlées par le soleil atomique
entre les bras d’une mère désarmée il pleure
ignorant la cause de sa douleur soudaine
dire que quelques minutes plus tôt
pris par les jeux turbulents de ses quatre ans
il cherchait une amie qui jamais ne sera plus sienne
d’ordinaire la foudre s’échappe de la terre noire
pour poignarder les nuages
ce triste jour de ’45
à Hiroshima elle fond du ciel
comme une escouade de rapaces
harnachés d’une bannière étoilée
et l’enfant ne comprend pas
et l’enfant n’attend pas
et l’enfant oublie ses rêves
jusqu’à la fin de sa vie
de Hibakusha