Une petite fille triste marche le long d’un mur.
Ses doigts fins et fragiles
courent sur le béton gris
dessinent en arabesques écarlates des mots aigris.
Soudain
elle hésite
lève les yeux
cherche une ouverture.
Mais elle a beau se hisser sur la frêle pointe de ses pieds
tordre infiniment son cou en tous sens
à se l’arracher
elle ne distingue aucune porte de débouché
juste
un ciel bleu profond
des nuages estropiés.
Hier il n’y avait rien
rien que la vie en plein écran
comme dans un vieux film de guerre manichéen
aujourd’hui
ne reste que l’espace d’un regard cyclopéen
soumis aux prunelles désespérées
des derniers migrants.
S’appelle-t-elle Fatima ?
Yasmina ?
ou Khalida ?
Sait-elle seulement qu’un jour
elle reçut un nom offert par ses pères
en souvenir des fiers compagnons
fusillés pour les pierres roulantes
d’une vaine Intifada ?
A présent
son champ de cailloux lui enseigne l’histoire
d’un passé éternellement recomposé
à chaque génération
d’un peuple écartelé qui rêve d’une terre à sa nation
espérant
à chaque aube nouvelle
l’appel du grand soir.
Tandis qu’elle
Fatima,
Yasmina
ou Khalida
elle veut simplement
se faufiler de l’autre côté
et avec cette enfant juive
parler encore de fraternité.
Las
le mur ne laisse plus passer que les balles des soldats.