Un seul bracelet ne tinte pas .

Une seul bracelet ne tinte pas, une seule goutte d’encre ne teinte pas. 

Dans les cieux africains d’un soir de rien, le jeune homme saillit du bois sacré. Les Anciens l’avaient encombré d’un nouveau pouvoir envoûtant. Le voilà maintenant paré à se révéler grand au nez et à la barbe du clan. Loin des plis cotonneux des boubous de mama Africa, son plumage de coq fanfaron nappe le ramage de ses pulsions. Lui qui, enfant, agitait la poussière de ses petits pieds nus quand grondaient les tambours tribaux, vêtu simplement du sable coloré de la brousse, il enfile son costume de griot insaisissable. 

Sa journée sue l’ennui. Alors, il mène la danse de nuit. 

L’instinct de chasse le fuit tant qu’il ne croise pas le regard enamouré d’une beauté tribale, biche malicieuse séduite d’avance. L’enfant que la cérémonie a transfiguré en guerrier conserve ses flèches en réserve. Une réserve animale, libre, scarifiée par les pattes puissantes des fauves, effleurée par les sabots graciles des gazelles. Cupidon à la peau brune, les cordes tendues ne sont pas de son arc. Elles peuplent l’enchantement de sa kora. Aussi nombreuses que les clés de son instrument, il empile les joncs le long de ses bras. Il cumule ainsi les souvenirs de ses amours multipliés. Pour sortir la musique de soi, le maître de danse suspend le moment. Pour colorer le morceau de soie, l’artiste enjaille son temps. 

De l’Afrique au ici et maintenant, on ne se sépare de l’enfance que pour s’enfoncer dans l’âge supérieur afin d’entreprendre la sagesse d’un perfectionnement final.

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