Dans la forêt

Dans la forêt, le monde s’est arrêté. Et moi avec. Juste le temps d’écouter le silence pesant comme un débris de ciel. Je me suis posée. Je me suis protégée. Je me suis réfugiée. La lune était en boule, mécontente de cette brume chimique à même de nous recouvrir sous peu. 

Je suis là. Regarde-moi ! J’ai cherché un abri dans les racines quand les vibrations du sol m’ont effrayée. Je me suis glissée au fond de canyons écorcés vifs. Le chemin se reproduisait en alignements irréguliers. Tout le tronc était scarifié par le temps des accumulations. La peur du bois s’installait en moi. Je l’ai fuie pour chercher dans le vert une échappatoire ou un masque. À la tombola de la survie, j’ai gagné le houppier. J’ai enfin dissimulé ma frêle silhouette aux pattes multiples entre deux nervures résistantes, reposantes. Je me suis placée face à la lune, juste là où la branche décrit un coude avant de reprendre son élan vers l’absolu. Mes yeux se sont aveuglés au contact lointain de cette lumière étrange surgie du fond de l’image, tel un brouillard pas pourpre pour un sou. Alors, j’ai interrogé l’arbre. Alors je lui ai demandé comment survivre sans la compagnie des amies. 

– Moi qui ne suis pas futaie, je m’enracine seul, m’a-t-il répondu. Ancre-toi sur ma feuille pour écrire ton avenir, fourmi.

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